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Transformation de la gare CFF, Montreux
Sur le perron de la gare de Montreux, l’architecte Antonino Tramparulo expose d’emblée la philosophie de son bureau en matière d’intervention dans l’existant : « intervenir dans un bâtiment, c’est comme cuisiner, on doit faire avec ce qu’on a ». Il ajoute qu’en architecture comme en cuisine, il est toujours préférable de respecter la saveur spécifique des matériaux. Pour lui, le déterminisme des deux pratiques est secondaire : les ingrédients peuvent bien ne conduire qu’à un nombre restreint de compositions – de recettes –, il sait qu’il lui reste le jeu des proportions et de l’assaisonnement. Du reste, il n’y a que les esprits infiniment décomplexés qui osent poser le projet d’architecture comme une liberté générale de créer. Même pour une construction neuve en rase campagne, il faut composer avec des ingrédients incontournables : les moyens du maître d’ouvrage, les règlementations locales, les hoquets du marché des matériaux de construction, les inclinations momentanées des magazines d’architecture et, pourquoi pas, la qualité des sols – n’est pas un créateur libre celui qui, pour arriver à ses fins, emploie une débauche de machines pompant autant de pétrole qu’un avion au décollage. Une dose de déterminisme en cuisine et en architecture est donc incontournable et même sans doute enviable : la sobriété incite à la création. Là où la débauche resserre l’esprit sur l’obsession à utiliser tous les moyens, le manque ouvre la pensée sur les mille combinaisons possibles des rares ingrédients disponibles. Sans conteste, la pensée du « panier du marché » peut faire florès en architecture – n’a-t-elle pas déjà instigué l’idée de la production locale de matériaux de construction ?
Nicolas Meier, architecte du patrimoine